Dans la rubrique de la ‘Pièce du Trimestre’, il arrive que des membres de l’Atelier des Marques d’Armées aient apporté leur contribution par la présentation d’une pièce exceptionnelle relative à la Poste aux Armées ou ayant un caractère militaire historique, voire s’inscrivant dans un contexte de conflit armé. Vous retrouvez dans la liste ci-dessous l’ensemble de ces articles.
Nous vous rappelons, en tant que membre de l’Union Marcophile, vous pouvez faire découvrir vos pièces par une ou deux photos avec un texte explicatif de quelques lignes. Pour ce faire, nous vous invitons à transmettre vos contributions à Patrice SCHAFF ‘coordinateur Atelier des Marques d’Armées.
Les pièces du trimestre
Pour la pièce du 3ème trimestre 2024, Jean-François Laporte nous présente une lettre écrite par un médecin luxembourgeois qui écrit à ses parents au Luxembourg le même jour où l’Allemagne déclare la guerre à la Russie ; le 2 août 1914, elle envahie le Grand-Duché du Luxembourg.
Après avoir traversé la Moselle à Remich et Wasserbillig, les soldats allemands se mirent en mouvement à travers le sud-est du pays en direction de la capitale – Luxembourg-ville – et se déployèrent sur tout le pays durant ces vingt-quatre heures. La Grande-duchesse Marie-Adélaïde ordonna à sa petite armée de moins de 400 soldats de ne pas résister et, l’après-midi du 2 août, Eyschen (chef du gouvernement) et elle rencontrèrent le commandant de l’armée allemande l’Oberst Richard Karl von Tessmar sur le «Pont Adolphe » à Luxembourg-ville. S’ils protestèrent formellement, ils ne pouvaient que subir l’occupation militaire allemande avec fatalisme.
La lettre a été écrite et expédiée le même jour (1er août) de Clichy la Garenne mais, au vu de la situation politique et militaire, les relations postales sont rapidement suspendues d’où la présence d’une griffe bleue (sur 2 lignes) signalant « retour à l’envoyeur acheminement impossible « .
Le contenu de la lettre est éloquent !
La déclaration de guerre entre l’Allemagne et la France est effective le 3 août 1914
Contenu de la lettre
1.VIII.14
Chers parents
Je vous envoie peut-être une des dernières lettres d’avant la guerre car si tout cela continue la déclaration se fera demain et le service postal sera fermé.
C’est qu’on en est encore assez perplexe de ce qu’il faut faire, fermer la maison ? renvoyer la bonne ? elle ne sait où aller alors que les autres servent toujours que faire. Et comme argent j’ai en ce moment environ 1000Frs, que faut-il lui laisser ? que faut-il emporter sur moi ?
En principe je pars toujours le 11e jour de St Lazare pour aller à Caen (caserne Lefebvre 28e compagnie)
Il ne faut pas croire que c’est parce que c’est le 11e jour qu’il y a moins de dangers. Les grandes batailles se font toujours à la fin de la campagne, càd sous un an peut-être, je verrai donc tout de même le feu. Je ne sais comment je partirai comme soldat ou infirmier (c’est un soldat avec un fusil aussi) Hier (un peu tard) j’ai fait ma demande d’être médecin aide major de réserve. Aujourd’hui en apportant un extrait d’acte de naissance je vois affiché qu’on n’accepte plus les changements. De sorte que j’ai encore l’espoir de réussir, peut-être parce que j’ai fait du laboratoire me prendra-t-on pour un service spécial (bactériologie), mais il faut attendre.
Le moment n’a jamais été mieux choisi pour tomber sur les Allemands. On est confiant et on se prépare avec un calme qui frappe. Je ne songe guère à la balle (ah pas forcément mortelle !) qui pourra rendre mon bras ou ma jambe hors de service, peut-être dès les premiers jours. Alors hélas fini l’élan qui m’aurait poussé vers la race détestée où tout choque dans toutes les fibres délicates. Cette race du mensonge, de la brutalité, du faux, elle pourrait bien être détruite comme les anciennes races comme Carthage ou Sodome. Toutes les nations s’y appliquent : Hollande Belgique Angleterre Luxembourg France Russie Japon. L’Italie elle-même reste froide dans ses décisions. Alors on espère si on avait raison d’hésiter un peu, sachant notre préparation pas aussi bien qu’elle ne devrait être.
Je vous quitte, vous embrasse tous et vous prie de ne pas vous inquiéter. On sait toujours se tirer d’affaire. Et quand on se lance en désespéré en avant on est presque sûr de ne rien attraper, ce sont les peureux qui écopent. Et puis cela me fera des vacances que j’attends depuis si longtemps !
Votre fils dévoué, fils de la France. Charles Funck [...]
Il y a une dizaine années une petite archive d’un aviateur militaire, l’adjudant-chef Roger René, interné en Turquie en 1942 et 1943 a été dispersée.
Un pilote français interné à Ankara au même titre que les marins civils et militaires le furent en mer de Marmara et au camp d’Isparta ?
Bertrand Sinais nous a fourni une explication, reprise par Jacques Perruchon (1) et des sites marcophiles : « Après la conquête de la Syrie par les forces anglaises et les FFL la convention de St Jean d’Acre fut signée le 14 juillet 1941. Elle laisse aux forces françaises fidèles à Vichy le choix de rejoindre la France libre ou de rentrer sur le sol français. Les 11 aviateurs de l’escadrille de chasse voulurent rentrer en France mais lors de leur escale en Turquie, ils y furent retenus. »
N’y aurait-il pas une autre explication ?
En septembre 1939, René ROGER, pilote instructeur, fut muté au GC.III/3 (groupe de chasse) où il obtint 4 victoires homologuées pendant la bataille de France. Après l’armistice il fut affecté au GCII/3 stationné à Alger-Maison Blanche. Le 14 juin 1941 le GC II/3 est envoyé en Syrie pour renforcer l’armée de l’air loyaliste (Vichy). Au cours du trajet, qui conduit l’escadrille à Ohms via Tunis Catane Brindisi Athènes et Rhodes, il est contraint le 15 juin à un atterrissage forcé en Turquie suite à une panne de son Dewoitine D520 (n°315). (2). Il ne put donc participer aux combats de la campagne du Levant. D’après Wikipédia (3) (malheureusement sans références) il aurait alors été affecté à l’ambassade de France à Ankara comme assistant de l’attaché militaire Air. Soupçonné de sympathies gaullistes, il aurait été interné d’avril 1942 à mai 1943 à Ankara. Libéré au bout de 13 mois d’emprisonnement, il rejoignit les Forces françaises libres du Moyen-Orient. Promu au grade de sous-lieutenant en février 1944, il poursuivit sa carrière au Levant. Il quitta le service armé en septembre 1945 et totalisait alors plus de 3 000 heures de vol. (5) (6)
Les 5 documents analysés sont datés d’avril 1942 à août 1942, oblitérés à Ankara, en franchise postale militaire, adressés à Alger, avec diverses marques de censure de la commission allemande de Vienne « g ».
Tous portent la mention manuscrite « service des belligérants internés » ou « Fransiz tayyareci enterne « (pilote français interné) .
Au verso on trouve 2 adresses différentes : Yeni Otel Ankara ou Karadeniz oteli Ankara.
Coll. personnelle
Coll. privée (4)
Plusieurs questions :
La date d’internement : dès son atterrissage en Turquie en juin 1941 ou courant 1942 et alors pour quel motif (politique comme cité dans Wikipédia) ?
Le lieu d’internement : des hôtels et avec quelles modalités ?
Est-il considéré comme prisonnier de guerre comme le laisserait supposer le bénéfice de la franchise militaire à la différence des marins internés dans la région d’Istanbul qui n’en disposaient pas, du moins jusqu’en juin 1942? (7)
Des lecteurs possédant d’autres documents de cette archive nous permettrons peut-être d’apporter des réponses.
Bibliographie
1- Jacques Perruchon : « internement en Turquie de marins français » CM2GM n°48 décembre 1998 p.24-28
2 – Essai de numérotation et d’affectations des DEWOITINE D.520 (Site de François-Xavier Bibert)
3 – Page Wikipédia de René Roger
4 – Histoire postale des militaires français prisonniers ou internés (Site Histoire postale de la France et des colonies (1939 – 1981).
5 – Archives SHAA – 2004 – © Joël Blanc consulté en 2020
6 – SHD Vincennes René ROGER, cote GR 16P 517524
7 – Claude Ablard : les marins et militaires français internés en Turquie à la suite de la guerre de Syrie (juin-juillet 1941). Les Feuilles Marcophiles n° 300 p.87-89 [...]
Voici une lettre (1) reçue début juillet 1914 par le lieutenant Regard du 22e bataillon de chasseurs alpins d’Albertville (Savoie), alors en manœuvres d’été en Haute-Savoie, (cachet d’arrivée à Albertville le 5 juillet au verso). Au recto, cachet bleu DÉTACHEMENT DU 1er RÉGIMENT ÉTRANGER. 2e COMPAGNIE MONTÉE. BOU-DENIB (Maroc) Le Capitaine Commandant. L’estampille TRÉSOR ET POSTES est celle du bureau de payeur 85 de HAUT-GUIR, BOU-HANAN, datée du 28 juin 1914. Cette date comme chacun sait est celle de l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’empire Austro-Hongrois, évènement qui va conduire un mois plus tard au déclenchement de la première guerre mondiale.
C’est la seule estampille TRÉSOR et POSTES, datée de ce jour funeste, que j’ai trouvée jusqu’à présent. Il faut maintenant observer, qu’à cette époque, l’armée française a 80 000 soldats, dont la Légion Étrangère, qui occupent le Maroc dans le cadre du protectorat, et luttent contre les tribus rebelles. Stéphane STROWSKI dans son remarquable ouvrage sur les estampilles militaires de la Grande Guerre (2) fait remarquer à juste titre que, malgré des dates antérieures à la déclaration de guerre d’août 1914, les estampilles militaires du corps d’occupation du Maroc sont à classer parmi celles de la Grande Guerre, l’Allemagne n’ayant eu de cesse, depuis la visite de l’empereur Guillaume II à Tanger en 1905, d’essayer de soulever contre la France les tribus marocaines.
Je remercie le capitaine Léopold COUROIS, conservateur du musée des troupes de Montagne à Grenoble de m’avoir permis d’utiliser cette lettre issue des archives du général REGARD.
Stéphane STROWSKI, Les Estampilles Postales de la Grande Guerre, YVERT et TELLIER, Amiens 1976. [...]
La lettre ci-dessous n’est pas particulièrement belle, mais elle témoigne d’un épisode curieux de la poste militaire après la fin de la Première Guerre mondiale.Elle porte un timbre à date du secteur postal 184 du Trésor et Postes. On y observe deux mentions manuscrites accompagnées chacune d’un cachet T : un poids de 23 g et une taxe de 0.30 F. Cette taxe est appliquée à l’arrivée par l’apposition d’un timbre taxe de 30 centimes alors qu’elle semble erronée : cette lettre de plus de 20 g ne bénéfice normalement pas de la franchise militaire et aurait dû être taxée au double du port, soit 80 centimes.
Le secteur 184 est l’un des plus recherchés de la période d’après-guerre ; il a desservi les troupes françaises d’occupation en Haute Silésie entre janvier 1920 et juillet 1922. Ce secteur postal est rattaché à la 46e division d’infanterie (la division des chasseurs alpins) créée en mars 1916 et dissoute après son départ de Haute Silésie. Le timbre à date a suivi la division dans ses différentes affectations.Pour revenir à notre lettre, son intérêt repose dans la date d’envoi : le 26 janvier 1924, bien après la dissolution de la 46e DI en juillet 1922. Que s’est-il passé ? Nous n’en connaissons pas les détails. Dans le catalogue des oblitérations militaires françaises de Bertrand Sinais, on lit que le secteur 184 a été affecté à la tête de Pont de Kehl entre le 21 janvier et le 15 mars 1924, en bon accord avec la date de la lettre. Nous n’avons trouvé aucune explication à cette création éphémère, qui n’est pas mentionnée par Strowski, le premier à avoir traité de la poste militaire pendant la première guerre mondiale. La précision des dates indiquées laisse supposer que Bertrand Sinais a eu en main un document d’archives concernant cet événement. Nous ne l’avons pas encore trouvé.
Cette création est d’autant plus surprenante que le secteur postal 250 est affecté aux troupes d’occupation de la tête de Pont de Kehl. Parmi la trentaine de plis que nous avons observé entre 1921 et 1929, tous avec des cachets « Trésor et Postes » et jamais de cachets « Postes aux Armées » (voir un exemple en 1929 ci, nous n’en avons pas encore rencontré qui ait circulé pendant la courte période d’utilisation du secteur postal 184 mais cela ne constitue pas une preuve d’un arrêt du fonctionnement de ce secteur.
Le secteur 250 mériterait lui-aussi d’être étudié plus en détail. Les troupes d’occupation de la tête de Pont de Kehl sont rattachées organiquement à l’Armée du Rhin, mais, compte tenu de leur situation, leurs services relèvent en pratique du gouvernement militaire de Strasbourg. Le secteur postal 250 est donc le seul à relever d’une organisation postale militaire qui a retrouvé son fonctionnement en temps de paix.
Nous remercions par avance les collègues de l’Union Marcophile pour les informations qu’ils pourraient nous fournir sur ces deux secteurs postaux. [...]
En août 1914, lorsque la France entre en conflit avec l’Empire d’Allemagne, elle implique directement ses colonies et territoires d’Outremer. La Nouvelle-Calédonie fournira donc en conséquence au fur et à mesure du conflit des contingents de jeunes soldats qui seront incorporés dans différents régiments répartis sur le front.
Ici, la carte de franchise militaire d’un soldat du contingent calédonien datée du 30 octobre 1915 et envoyée depuis le camp de La Valbonne (près de Lyon) à Nouméa (Nouvelle-Calédonie).
Le soldat Paul Bellenquez a quitté Nouméa, en compagnie de 712 autres appelés du Pacifique, le 23 avril 1915 à bord du navire des Messageries Maritimes le Santay qui touche Marseille deux mois plus tard. Le contingent calédonien est alors dirigé vers le camp d’entraînement de La Valbonne à Saint-Maurice-de-Gourdans. En novembre 1915, il est affecté à un régiment d’infanterie colonial qui ira se battre sur les champs de bataille de l’Oise, de la Somme et de Verdun.
Jean-Daniel Ayache [...]
Dernièrement, j’ai trouvé cette carte de correspondance en très mauvais état, mais elle m’a intéressée car c’était la première date d’utilisation que je rencontrais, en espérant toujours trouver mieux.
Ces cartes ont été imprimées par les Prussiens et mises en service en septembre 1870. Reims a été occupé le 4 septembre 1870, le FELD-POST-RELAIS N° 25 (REIMS) est activé du 11 septembre 1870 au 15 juin 1871
Cette carte de correspondance imprimée en français non affranchie. Le port a été payé en numéraire f20, la griffe noire encadrée P.D. confirme le paiement.
Le tarif entre la zone occupée et la zone libre est celui du 10 septembre 1870 pour les lettres du 1er échelon de poids et les cartes de correspondance. Elle a été expédiée le 16 septembre 1870 par le K.PR.FLED-POST N°25 (Reims) cachet rectangulaire en zone occupée, et mise au train cachet linéaire noir de la gare de Reims, adressée à Vernon dans l’Eure en zone libre cachet d’arrivée au verso le 22 septembre 1870 , puis dirigée au château de Collanges cachet « Givet à Paris » au verso le 24 septembre 1870, cachet d’arrivée au verso de Charolles en Saône et Loire ( non dans l’Ain) en zone occupée le 24 septembre 1870, n’ayant pas été distribuée, elle est retournée à Reims, pp Reims marne manuscrit (partie pour Reims) au retour cachet « Bâle Mulhouse à Paris » au recto le 26 septembre 1870.Cette carte fait partie de l’émission locale de Reims. Elle est du type 1 : le cadre pour le timbre est en pointillé, la première ligne du cadre 1 se termine par préci-, la première ligne du cadre 2 se termine par des, le texte sous Lieu de destination est en 2 lignes. [...]
Le 28 janvier 1869, Emmanuel Herman (1838-1902), professeur d’économie politique à Vienne, reprend l’idée de Von Stephan et utilise pour la première fois le terme de carte de correspondance : « Correspondenzkarte ». En juillet 1870, la poste autorise la carte postale comme nouveau support pour la correspondance. Celui-ci va être employé par l’armée prussienne, lors du conflit de 1870 avec la France, en mettant à disposition des cartes de correspondances en franchise pour les soldats en campagne : « Feldpost-Correspondenzkarte »
Nous vous donnons ici un exemple d’utilisation de ce type de carte mais avec une particularité. Initialement, ces cartes sont utilisées pour la correspondance entre la famille et le militaire. Dans ce cas, c’est l’inverse.
Au fur et à mesure de l’avancée des troupes en France, la Poste aux Armées prussiennes créée des bureaux numérotés pour ne pas divulguer leur localisation. Toutefois l’auteur de la carte, au prénom d’Erwin, remercie sa famille pour le soutien matériel et se plaint du mauvais accueil des habitants de Nemours.
Carte, en franchise avec le cachet de la poste militaire de campagne’ K :PR FELD-POST RELAIS N°79’ (K(öniglische) PR(reussen) FELD-POST RELAIS N°79 = Relais n°79 de la Poste royale de campagne prussienne), datée du 17/12/1870 de Nemours et oblitérée du cachet d’arrivée de Berlin le 22/12/1870.
Jean-Pierre Pampin [...]
En observant ce document, on constate qu’il s’agit d’une carte-réponse à destination d’un prisonnier de guerre (P.G.), envoyée en Franchise Postale, depuis Guebwiller le 1er septembre 1944.
En septembre 1944, Guebwiller est encore allemande ; la ville ne sera libérée que le 4 février 1945.
Un petit rappel historique : le 20 novembre 1944, Mulhouse est libérée ; mais les Allemands se renforcent dans la poche de Colmar. Guebwiller devient alors le chef-lieu de l’administration allemande de la poche de Colmar et l’état-major de l’une de leurs armées s’installe en ville. Le 20 janvier 1945, 1er Corps d’armée française lance une offensive. Le 1er février, l’état-major allemand se retire de la ville et, le 4 février, une patrouille de blindés déloge les quelques ennemis réfugiés au château. A 16h30, Guebwiller est enfin totalement libérée.
La carte est adressée à Albert Forster, prisonnier N°46 du Stammlager V B et elle est revêtue du cachet de censure du camp.
Le stalag VB dépend de la 5e région militaire allemande, correspondant à la zone régionale de Stuttgart, et il est situé à Villingen (A titre indicatif, l’Oflags VB est situé à Biberach).
Le « Stalag » est défini comme un camp de prisonniers d’ordre général mais on y distingue le Stammlager destiné aux hommes de troupes et les Offizierlager destiné aux sous-officiers. L’Oflag est destiné aux officiers
En voyant cette carte, on peut s’interroger sur le fait qu’un prisonnier de guerre alsacien ne soit pas « Malgré-Nous ». Cela nous amène à examiner à part le cas des P.G. Alsaciens-Mosellans.
Suite à la défaite française, dès la mi-juillet 1940, les Allemands commencent à dresser les listes des P.G. originaires des départements du Haut-Rhin, Bas-Rhin et de Moselle. Ils commencent en France et poursuivront avec d’autres prisonniers transférés en Allemagne avec la masse non encore étiquetée des P.G.
Afin d’opter pour le renvoi dans leur foyer ou le maintien au camp, les Alsaciens et les Mosellans doivent signer devant un bureau de rapatriement une déclaration d’appartenance à la « souche germanique » (« deutschstämmig »). Les Alsaciens et Mosellans libérés, en 1940, vont être nombreux à être ensuite mobilisés dans la Wehrmacht.
Bien qu’identifié comme Alsaciens ou Mosellans, certains refusent car, bien que natif de ces régions, ils ni habitent pas ou ils ni résident plus depuis fort longtemps. D’autres refusent tout simplement pour ne pas être incorporés dans l’armée allemande. Ils retournent alors dans les camps allemands (environ 5.000 alsaciens-mosellans iront au Stalag VB – c’est le cas de Albert Forster).
Souvent, ceux qui restèrent captifs, subirent ensuite simplement le sort de leurs camarades des autres régions de France. Leur connaissance de l’allemand put leur valoir la faveur de servir d’interprète. Il semble par contre que certains eurent à pâtir de leur refus d’opter pour l’Allemagne: envoi en kommando-disciplinaire, pressions sur certaines familles… et d’après le témoignage de prisonniers, il apparaît qu’ils restaient suspects aux yeux des Allemands et étroitement surveillés. [...]
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