STALAG V B

En observant ce document, on constate qu’il s’agit d’une carte-réponse à destination d’un prisonnier de guerre (P.G.), envoyée en Franchise Postale, depuis Guebwiller le 1er septembre 1944.

En septembre 1944, Guebwiller est encore allemande ; la ville ne sera libérée que le 4 février 1945.

Un petit rappel historique : le 20 novembre 1944, Mulhouse est libérée ; mais les Allemands se renforcent dans la poche de Colmar. Guebwiller devient alors le chef-lieu de l’administration allemande de la poche de Colmar et l’état-major de l’une de leurs armées s’installe en ville. Le 20 janvier 1945, 1er Corps d’armée française lance une offensive. Le 1er février, l’état-major allemand se retire de la ville et, le 4 février, une patrouille de blindés déloge les quelques ennemis réfugiés au château. A 16h30, Guebwiller est enfin totalement libérée.

La carte est adressée à Albert Forster, prisonnier N°46 du Stammlager V B et elle est revêtue du cachet de censure du camp.

Le stalag VB dépend de la 5e région militaire allemande, correspondant à la zone régionale de Stuttgart, et il est situé à Villingen (A titre indicatif, l’Oflags VB est situé à Biberach).

Le “Stalag” est défini comme un camp de prisonniers d’ordre général mais on y distingue le Stammlager destiné aux hommes de troupes et les Offizierlager destiné aux sous-officiers. L’Oflag est destiné aux officiers

En voyant cette carte, on peut s’interroger sur le fait qu’un prisonnier de guerre alsacien ne soit pas “Malgré-Nous”. Cela nous amène à examiner à part le cas des P.G. Alsaciens-Mosellans.

Suite à la défaite française, dès la mi-juillet 1940, les Allemands commencent à dresser les listes des P.G. originaires des départements du Haut-Rhin, Bas-Rhin et de Moselle. Ils commencent en France et poursuivront avec d’autres prisonniers transférés en Allemagne avec la masse non encore étiquetée des P.G.

Afin d’opter pour le renvoi dans leur foyer ou le maintien au camp, les Alsaciens et les Mosellans doivent signer devant un bureau de rapatriement une déclaration d’appartenance à la “souche germanique” (“deutschstämmig”). Les Alsaciens et Mosellans libérés, en 1940, vont être nombreux à être ensuite mobilisés dans la Wehrmacht.

Bien qu’identifié comme Alsaciens ou Mosellans, certains refusent car, bien que natif de ces régions, ils ni habitent pas ou ils ni résident plus depuis fort longtemps. D’autres refusent tout simplement pour ne pas être incorporés dans l’armée allemande. Ils retournent alors dans les camps allemands (environ 5.000 alsaciens-mosellans iront au Stalag VB – c’est le cas de Albert Forster).

Souvent, ceux qui restèrent captifs, subirent ensuite simplement le sort de leurs camarades des autres régions de France. Leur connaissance de l’allemand put leur valoir la faveur de servir d’interprète. Il semble par contre que certains eurent à pâtir de leur refus d’opter pour l’Allemagne: envoi en kommando-disciplinaire, pressions sur certaines familles… et d’après le témoignage de prisonniers, il apparaît qu’ils restaient suspects aux yeux des Allemands et étroitement surveillés.

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