Un secteur postal ressuscité

La lettre ci-dessous n’est pas particulièrement belle, mais elle témoigne d’un épisode curieux de la poste militaire après la fin de la Première Guerre mondiale.
Elle porte un timbre à date du secteur postal 184 du Trésor et Postes. On y observe deux mentions manuscrites accompagnées chacune d’un cachet T : un poids de 23 g et une taxe de 0.30 F. Cette taxe est appliquée à l’arrivée par l’apposition d’un timbre taxe de 30 centimes alors qu’elle semble erronée : cette lettre de plus de 20 g ne bénéfice normalement pas de la franchise militaire et aurait dû être taxée au double du port, soit 80 centimes.

Le secteur 184 est l’un des plus recherchés de la période d’après-guerre ; il a desservi les troupes françaises d’occupation en Haute Silésie entre janvier 1920 et juillet 1922. Ce secteur postal est rattaché à la 46e division d’infanterie (la division des chasseurs alpins) créée en mars 1916 et dissoute après son départ de Haute Silésie. Le timbre à date a suivi la division dans ses différentes affectations.
Pour revenir à notre lettre, son intérêt repose dans la date d’envoi : le 26 janvier 1924, bien après la dissolution de la 46e DI en juillet 1922. Que s’est-il passé ? Nous n’en connaissons pas les détails. Dans le catalogue des oblitérations militaires françaises de Bertrand Sinais, on lit que le secteur 184 a été affecté à la tête de Pont de Kehl entre le 21 janvier et le 15 mars 1924, en bon accord avec la date de la lettre. Nous n’avons trouvé aucune explication à cette création éphémère, qui n’est pas mentionnée par Strowski, le premier à avoir traité de la poste militaire pendant la première guerre mondiale. La précision des dates indiquées laisse supposer que Bertrand Sinais a eu en main un document d’archives concernant cet événement. Nous ne l’avons pas encore trouvé.

Cette création est d’autant plus surprenante que le secteur postal 250 est affecté aux troupes d’occupation de la tête de Pont de Kehl. Parmi la trentaine de plis que nous avons observé entre 1921 et 1929, tous avec des cachets « Trésor et Postes » et jamais de cachets « Postes aux Armées » (voir un exemple en 1929 ci, nous n’en avons pas encore rencontré qui ait circulé pendant la courte période d’utilisation du secteur postal 184 mais cela ne constitue pas une preuve d’un arrêt du fonctionnement de ce secteur.

Le secteur 250 mériterait lui-aussi d’être étudié plus en détail. Les troupes d’occupation de la tête de Pont de Kehl sont rattachées organiquement à l’Armée du Rhin, mais, compte tenu de leur situation, leurs services relèvent en pratique du gouvernement militaire de Strasbourg. Le secteur postal 250 est donc le seul à relever d’une organisation postale militaire qui a retrouvé son fonctionnement en temps de paix.

Nous remercions par avance les collègues de l’Union Marcophile pour les informations qu’ils pourraient nous fournir sur ces deux secteurs postaux.

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