Parcours atypique d’un objet à prix réduit par Grégory Chouteau

Le parcours de cette pièce du mois – dont le cheminement n’est pas facile à identifier – est à la croisée des sujets marcophiles.

Il s’agit d’un « Imprimé » déposé au bureau de la « Doutre » à Angers le 19 décembre 18981 et adressé à Saint-Quentin en Mauge, commune dépendant de Sainte-Christine dans le Maine et Loire. Il est affranchi à 5 centimes, au tarif du 1er mai 1878, premier échelon de poids jusque 50g.

Le pli a été transmis à la recette principale d’Angers (le 20 décembre2) qui faisait dépêche pour les autres bureaux du département.

Cette dernière a transmis notre pli à Jallais (arrivée le 20 décembre3) qui l’a retourné le lendemain à Angers (soit qu’il s’agisse d’une erreur, Saint-Quentin dépendant du bureau de Sainte-Christine, soit que de Jallais pour aller à Sainte-Christine (moins de 10 kms), il était plus rapide de repasser par Angers ?).

La Recette Principale a transmis le 21 décembre4 le pli vers Sainte-Christine (arrivée le jour même5) et mis en distribution. Le destinataire étant parti, le pli a été redirigé vers Melay (commune dépendant du bureau de Chemillé, arrivée le 22 décembre6).

De nouveau, l’imprimé semble avoir repris la route de Saint-Quentin7 : par la voie postale, ou par l’intermédiaire d’un particulier s’y rendant, notre destinataire, semble-t-il étant toujours absent ?

Ce qui est certain c’est que le pli a ensuite été jeté dans une boite rurale (lettre-timbre B) à Saint-Quentin revenant ainsi dans le circuit postal8.

La question de la possibilité de jeter un objet bénéficiant du tarif des « imprimés » est prévue par l’Instruction Générale de 1868. Ainsi, l’article 184, combiné avec le 359 nous indique que les journaux et imprimés ne peuvent être déposés dans les boites de gare et ou boites rurales que lorsque la commune est dépourvue de bureau de poste. Ceci exclut donc la possibilité que la boite rurale B relève d’une autre commune que Saint-Quentin.

Le facteur l’a ensuite ramené au bureau de Sainte-Christine qui a oblitéré le nouveau timbre-poste (23 décembre9) et indiqué l’adresse à l’encre rouge « au petit bois Giraud / Cne de Melay p. Chemillé ». Notre « imprimé » a enfin trouvé son destinataire à Melay après que le facteur rural de Chemillé10 ait distribué le courrier !

Ce cas d’un imprimé réexpédié deux fois avant d’entrer à nouveau dans le service postal avec un nouvel affranchissement est peu courant.

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