Fâché(e) avec l’orthographe par Gérard CABAYÉ

En cherchant des cartes postales de ma chère ville de Graulhet – prononcez Groyé, merci -, j’ai trouvé au dos de l’une d’elles un chef d’œuvre d’orthographe, de ceux qui poussent un instituteur  à anticiper sa retraite ou changer rapidement de métier.

Soyons clair, il ne s’agit pas de se moquer de quelqu’un que les circonstances de la vie ont peut-être empêché de s’attarder sur les bancs de l’école – d’autant que ni son nom ni celui du destinataire ne sont mentionnés -, mais féliciter une personne qui a surmonté un handicap pour s’exprimer et se faire, malgré tout, comprendre. Puisse-t-elle me pardonner !

En voici le texte où l’orthographe et la ponctuation ont été strictement respectées : “Graulhet le 11 Avril 1928  Chère sœur Marinette Tue me pardaunera due retar que gai hue pour ta fairgniere lettre tue peue croire que pour les fête de que gavai due Travaille pour tonmentaux di moi pour qu an tu le ve, inmeme temp envoimoi les maudele due mentaux et des robes, Mari il faut que Tu nous randes un petit servisse que tu i sera, et tauner nous avon acheter de lé taufée à 4 franc le métre, nous la font pa di a meman alor, Je temps vairai un est chantilion dans La lettre tu dira que tu nous la acheter tu Lui dira Sisa lui plai tu lui dira qu’il y a……”

La fin abrupte de la phrase donne à penser qu’il y avait une suite que je n’ai pas.

Je vais essayer de vous proposer une traduction de ce message en extrapolant quelques fois.

“Chère soeur Marinette Tu me pardonneras du retard que j’ai eu pour ta dernière lettre. Tu peux croire que pour les fêtes que j’avais dû travailler pour ton manteau. Tu me diras pour quand tu le veux, en même temps envoie moi les modèles du manteau et des robes, Mari il faut que tu nous rendes un petit service (tant) que tu y seras, étonnés (!!!) nous avons acheté de l’étoffe à 4 francs le mètre, nous (ne) l’avons pas dit à maman, alors je t’enverrai un échantillon dans la lettre. Tu diras que tu nous l’a achetée. Tu lui diras ci ça lui plait tu lui diras qu’il y a……”

Je laisse le soin à chacun d’imaginer la fin de cette histoire.

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