Les tentatives de Madame Paillet pour faire entrer du courrier pendant le siège de Paris par Jean-Marc Driguet

En cette année anniversaire des 150 ans du début de la guerre franco-prussienne, la pièce du mois d’octobre qui vous est présentée aura comme sujet la guerre de 1870-1871. Vous pourrez également retrouver cette thématique dans le cadre de Marcophilex XLIV à Monéteau.

L’une des conséquences de cette guerre, fut l’encerclement de Paris dès le 18 septembre 1870 et l’interruption des communications avec la province. La Poste par ballons montés permettra néanmoins de faire sortir du courrier pendant le siège. Pour ce qui était de faire entrer des nouvelles dans Paris, la chose était bien plus compliquée !

Des tentatives par Boules de Moulins ont bien eu lieu, mais aucune missive n’est entré pendant la durée du siège.

La difficulté des familles à donner des nouvelles à leurs proches bloqués dans la capitale était bien réelle. Les textes des lettres, issues d’une petite archive familiale que j’ai eu la chance de trouver, en sont les témoins émouvant.

Il est à noter que l’expéditrice de ces lettres, madame Paillet, recevait de façon assez irrégulière des nouvelles de son mari ; elle fait référence dans ses courriers aux lettres et cartes sorties par ballons qu’elle recevait. 

 * Sur les 26 lettres de cette petite archive de la famille Paillet de Trouville-sur-Mer (Calvados) 16 ont été affranchies avec un 20 c Lauré, 3 avec un 20 c de l’émission de Bordeaux, 6 sont taxées avec la taxe 30 double traits et une tentative a été réalisée par passeur. Elles couvrent pratiquement toute la période du siège (la première lettre est datée du 29 septembre 1870 et la dernière du 10 février 1871). Différentes voies et méthodes ont été empruntées, mais rien ne laisse supposer que Monsieur Paillet ait reçu des nouvelles de son épouse, avant le rétablissement du transport du courrier par l’administration des Postes.

Elle a écrit presque tous les deux jours en multipliant (en vain) les différentes occasions pour lui faire parvenir ses lettres*.

Extraits :

9 octobre 1870 : […] ce message aérien te parviendra-t-il ? J’ai déjà essayé la semaine dernière de t’écrire par la voie des ballons […] mais l’on m’assure que c’est à peu prés la seule manière de faire entrer une lettre dans Paris […] Des essais (sans succès) furent tentés pour rentrer dans Paris assiégé, par Ballons montés.

16 octobre 1870 : […] chacun ici m’assure que l’entrée d’une lettre dans Paris est chose impossible […]

26 octobre 1870 : […] J’essaie aujourd’hui de confier ce mot à Charles qui part pour Tours, où il est engagé dans un ambulance […]

30 octobre 1870 : […] J’ai essayé depuis quelques jours de différentes occasions pour te faire parvenir des lettres (…)

4 novembre 1870 : mise à la disposition au public du service des dépêches par Pigeons.

11 novembre 1870 : […]Hier je t’ai envoyé deux mots par pigeons voyageurs […]


20 novembre 1870 : […] aujourd’hui c’est par l’agent de la compagnie des Courriers à Tours que je tente de t’envoyer ces lignes […]

11 novembre : […] Si j’ai l’extrême bonheur que ce mot te parvienne tu auras la somme de 20 francs à remettre au porteur […] une de mes amies vient de me parler de cette nouvelle manière de faire entrer des lettres dans Paris (…) Voir lettre ci-dessous.

3 février 1871 : […] l’on m’assure qu’un porteur de quelques dépêches données pour toi a dû entrer cette semaine dans Paris […]

10 février 1871 : […] Le service de la poste se fait de nouveau […] si ma lettre du 31 janvier t’est parvenue ce dont je doute, parce qu’elle était cachetée […] A l’issue de la convention d’armistice, les lettres ouvertes sont seules admises à circuler.

Vous aimerez aussi...

3 réponses

  1. Patrick BEUVAIN dit :

    Bonjour,
    J’ai été très intéressé par votre témoignage à propos des difficultés rencontrées par Mme Paillet pour faire parvenir des nouvelles à son mari à Paris. Je suis moi-même en possession d’un courrier familial de 23 plis de Paris vers la province pendant la quasi totalité du siège. Le mari est à Paris et envoie par ballons montés des nouvelles à son épouse qui a une santé précaire. Sa principale préoccupation est de ne pas recevoir de réponse. Aussi le 27 décembre 1870, il utilise les services de l’agent de la Cie des Courriers à Tours. Je pense que c’est le seul courrier que son épouse ne recevra pas pendant le siège. En effet le courrier n’arrivera à l’adresse indiquée que le 29/12/1873 et réexpédié sa destinatrice le recevra le 1er janvier 1874. J’aimerais en découvrir un peu plus sur la Cie des courriers qui se trouvait à l’Hôtel de l’Univers à Tours. C’était le plus grand hôtel de Tours à l’époque mais c’était aussi la résidence du général prussien Von Hartmann et j’ai quelques soupçons à propos de coup de tampon raturé apposé sur ce pli. Auriez-vous quelques renseignements sur la Cie des courriers à Tours. En tous cas je vous remercie pour votre témoignage et j’espère que nous pourrons échanger nos impressions sur ce sujet.
    Très cordialement

  2. DRIGUET dit :

    Bonjour,
    Je suis ravi que cela vous ai intéressé. Il ne s’agit, bien évidement, que d’une synthèse des écrits de Madame Paillet, dont j’ai mis en avant les difficultés sur le plan postal, malgré ces différentes tentatives, d’acheminer du courrier dans Paris. Il y a beaucoup d’autres choses très intéressantes dans ses lettres, puisqu’elle fait référence à la situation politique et aux évènements troublés de cette période (La bataille d’Orléans, la capitulation de Metz…) Il est même question dans l’un de ses courriers, d’une lettre reçue d’un passager officiel (chargé d’une mission du Gouvernement) sorti de Paris par Ballon, lui donnant des nouvelles de son mari.
    Je serais également intéressé pour échanger avec vous.

    Je vous rappelle mon adresse e-mail : jm.driguet@me.com

    Bien cordialement
    Jean-Marc Driguet

    • Fabrice ROUX dit :

      Bonjour,
      Moi meme interressé par cette période je me suis toujours interréssé par l’histoire postale de Paris et aujourd’hui plus particulièrement la Période du Siège de Paris. Je collectionne donc « LES BALLONS MONTES ». Ayant meme créer sur internt FaCEBOOK un Groupe HISTOIRE DE PARIS 1870-71 « LES BALLONS MONTES »
      Je serais également interressé pour échanger avec vous
      Je vous rapelle mon adresse e-mail: fabricelerouxpro@gmail.com
      Bien cordialement
      Fabrice Le Roux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *