À l’Académie de philatélie en décembre 2014
Franck Tréviso a fait une conférence sur les relations par paquebots à vapeur entre Le Havre et les États-Unis entre juin 1847 et mars 1857. Grâce à sa situation géographique, au début des années 1820, le Havre s’impose comme destination continentale des compagnies américaines de paquebots à voiles qui sont les seules à faire un service régulier et rapide sur l’Atlantique nord. Plus tard, les compagnies des paquebots à vapeur transatlantiques voulant aborder le continent choisiront aussi le Havre comme escale ou terminus de leurs lignes.
En mars 1847, la construction de la ligne de chemin de fer entre Paris et le Havre est achevée. À la même époque est créée la compagnie maritime française Hérout & De Handel. Sous contrat avec l’État, elle reçoit comme subvention en nature quatre bâtiments appartenant à la marine et doit assurer ne liaison régulière par paquebots à vapeur entre le Havre et New York. Ses navires, peu rapides et sujets à de nombreuses avaries, ne font que neuf voyages entre juin 1847 et février 1848, époque de la faillite d’Hérout & De Handel. En avril 1848, la Black Ball Line, la plus importante des compagnies américaines de paquebots à voiles, met en service son premier steamer l’United States qui fait trois voyage entre New York et le Havre, interrompus en janvier 1849 faute de rentabilité.
Troisième et dernière traversée retour de la Black Ball Line. par le United States. Le Havre 08.01.1849 – Southampton 09.01 – Halifax 25.01 au 03.02 (arrêt de neuf jours pour réparations) – New York 05.02.1849. Affranchissement français, taxe américaine © coll. Franck Treviso, DR.
À partir d’octobre 1850 la Havre Line, entreprise subventionnée par le gouvernement américain, ouvre une ligne régulière entre New York et le Havre avec une escale à Southampton. Ses deux paquebots, le Franklin et le Humboldt, assurent un voyage par mois.
Première traversée retour de la Havre Line par le Franklin – Le Havre 1er nov. 1850 – Southampton 2 nov. 1850 – New York 16 novembre 1850. Affranchissement français, taxe américaine © coll. Franck Treviso, DR.
En 1855, le milliardaire Cornélius Vanderbilt se voit refuser par le Congrès américain une subvention pour ouvrir une deuxième ligne de paquebots. Il crée alors à ses propres frais la Vanderbilt European Line, avec deux steamers l’Ariel et le North Star qui feront dix voyages en 1855 et un seul en 1856. La société Gauthier Frères crée la Cie Franco-Américaine dotée de huit paquebots. Elle ouvre trois liaisons non subventionnées, une vers Rio de Janeiro, une deuxième vers la Nouvelle Orléans en passe par les Antilles et la troisième sur New York. Sur l’Atlantique nord entre mars 1856 et avril 1857, elle assure onze voyages et demi : trois avec l’Alma, quatre avec le Barcelone, un avec le Cadix, un demi avec le Lyonnais (coulé lors de sa traversée retour dans une collision avec un trois-mâts ; cent vingt personnes périssent dans l’accident) et trois avec le Vigo. La perte du Lyonnais ainsi qu’un programme trop ambitieux, au regard de la faiblesse des moyens engagés, font que la Cie Franco-Américaine cesse son activité sur l’Atlantique nord après le retour du Cadix au Havre le premier avril 1857.
Traversée aller de la Cunard par le Alps. Le Havre 15.07.1856 – New York 29.07.1856. Affranchissement français, taxe américaine © coll. Franck Treviso, DR.
En décembre 1853, la Cunard fait avec le Cambria un voyage entre Le Havre et New York. Son projet d’ouverture de ligne est contrarié par la réquisition d’une partie de ses paquebots pendant la guerre de Crimée. Dès la fin de la guerre, la Cunard inaugure un service non subventionné entre le Havre et New York début février 1856. Après seulement dix voyages dont deux par l’Alps, quatre par l’Emeu, deux par l’Etna et deux par le Lebanon, la Cunard ferme sa ligne sur le Havre en juin 1857. Malgré la situation géographique idéale du port du Havre, les compagnies non subventionnées ou dotées de moyens insuffisants n’ont pu continuer leur activité. La Vanderbilt, subventionnée à partir de juin 1857 par le gouvernement américain, aura son terminus au Havre jusqu’en novembre 1860. La North Atlantic Steamship Company fera six voyages sur Le Havre, subventionnés aussi par le gouvernement américain, entre avril 1860 et décembre 1860. Il faudra attendre juin 1864 avec le premier voyage de la Cie Générale Transatlantique, compagnie richement dotée par le gouvernement français, pour que la ligne du Havre à New York devienne pérenne.
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