À l’Académie de philatélie en avril 2015
Jean-Jacques Rabineau a présenté ce mois-ci l’impression des timbres-poste français en taille-douce de la traditionnelle aux méthodes numériques. La taille-douce une technique de gravure en creux, dont on connait l’application la plus ancienne chez un orfèvre et graveur florentin du milieu du XVe siècle. Aujourd’hui, ce mode d’impression est appliqué à 40 % des timbres-poste français. Par contre, si l’origine est toujours un poinçon gravé par un artiste, le transfert de cette gravure originale sur l’outil d’impression, cylindre ou plaque, a fortement évolué au cours de ces 40 dernières années et trois modes de transfert vont se succéder. La réalisation du poinçon original est la première étape commune aux trois techniques de transfert.
L’artiste grave manuellement une plaque d’acier doux de 80 x 70 x 8 mm selon un dessin, qu’il a réalisé ou non et qui est impressionnée par un procédé photographique le reproduisant à la dimension finale du timbre et à l’envers sur ladite plaque. La gravure est réalisée en creux et à l’envers. Selon l’épaisseur des différentes tailles constituant le dessin, l’artiste donne du relief à son œuvre. Le transfert par moletage en gravure traditionnelle (TD) est obtenu après cémentation du poinçon accepté. La gravure est transférée sur une molette cylindrique en acier doux sous pression de 4 à 6 tonnes pendant 1 heure. La gravure devient en relief et à l’endroit. Après cémentation de la molette, la gravure est de nouveau transférée de la molette sur le cylindre d’impression autant de fois qu’il est nécessaire. Le cylindre est ensuite chromé. La gravure du timbre est donc en creux et à l’envers. Le transfert en gravure numérique électromécanique (GEM) part du poinçon non cémenté qui est encré et photographié. La photo est numérisée en un fichier. Un tour numérique, de marque OHIO en 1996 et aujourd’hui HELL SP 500, recopie cette image numérisée autant de fois que l’exige le « plan d’imposition prédéfini » par enfoncement du cylindre recouvert de cuivre, à l’aide d’une tête de diamant. Le cylindre est ensuite chromé.
Le transfert en gravure numérique galvanique par électrolyse (GGE) est connue grâce à la presse Epikos qui a imprimé nos timbres d’usage courant et commémoratifs de novembre 2004 à août 2011 (ci-contre, film positif transparent de la GGE © photo Phil@poste). Comme dans le cas précédent, une photo de la gravure du poinçon non cémenté est numérisée et permet de créer un film positif transparent. Le film est posé à l’envers sur une plaque en polymère rouge qui est insolé aux ultraviolets. Les endroits non protégés par les parties noires du film sont durcies. La plaque est alors brossée. Les parties non durcies sont très légèrement creusées. Les gravures des timbres sont en creux et à l’envers. Elle est pulvérisée de sel d’argent et trempée dans un bain galvanoplastique qui dépose une couche de cuivre de 0,8 à 1 mm. Après séparation du polymère et du cuivre, ce dernier donne une matrice où le timbre est à l’endroit et en relief. Par copie, la plaque de cuivre donne une plaque de nickel dont les timbres sont en creux et à l’envers. Elle est ensuite chromée. L’impression est séquentielle et non rotative. Si la GEM a un rendu plus grossier que la gravure traditionnelle, malgré les nets progrès actuels, et perd le relief voulu par l’artiste, la GGE, si elle restitue la netteté, ne retrouve pas le relief. Nous sommes dans l’attente d’une nouvelle clicherie taille-douce laser qui a été annoncée au Salon d’automne.
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